Socle commun et évaluations : que dit le rapport du HCE ?

Alors que se met en place le livret scolaire et le livret personnel de compétences numériques pour l’école primaire, l’ambition affichée par tous les IA est d’améliorer, en  fixant des cibles chiffrées, les résultats aux évaluations nationales.
Pourtant ces évaluations se révèlent peu fiables et contre productives : celles-ci sont souvent confondues avec l’obtention des paliers 1 et 2 du socle commun, elles ne peuvent servir d’évaluations diagnostiques et sont trop parcellaires pour servir d’évaluations sommatives…
La maîtrise du socle commun, par tous les élèves à la fin de la scolarité obligatoire, est une priorité absolue et le seul impératif fixé par la loi.
Les exigences du socle commun correspondent à une authentique ambition. La question de l’évaluation des compétences apparaît d’ailleurs aujourd’hui centrale pour la mise en œuvre réelle du cadre européen des compétences-clés.
Plusieurs dispositifs existent :
Pour  mesurer les acquis des élèves au regard des objectifs fixés par les programmes disciplinaires, un dispositif a été mis en place par le ministère en 2003 : il s’agit du Cycle des Evaluations Disciplinaires Réalisées sur Echantillon (CEDRE), lequel concerne  les deux moments-clés de la scolarité que sont la fin de l’école primaire et la fin du collège.
Le dispositif CEDRE combine différentes approches : disciplinaire, non disciplinaire : « attitudes des élèves à l’égard de la vie en société », multidisciplinaire enfin, dans la mesure où le dispositif évalue  « la maîtrise du langage et de la langue française » en fin d’école primaire et les « compétences générales » en fin de collège. Le dispositif CEDRE nous renseigne également, grâce à un questionnaire de contexte, sur les caractéristiques sociodémographiques (sexe, origine sociale)  et scolaire.
Tout comme les enquêtes internationales de type PISA, les évaluations CEDRE sont des évaluations-bilans qui se déroulent selon un cycle d’une durée de 6 ans et reposent sur l’interrogation d’un échantillon représentatif d’élèves.
À l’école primaire, PIRLS (Progress in International Reading Literacy Study), comme CEDRE, fait référence aux programmes scolaires.
Cette enquête, réalisée par l’IEA (International Association for the Evaluation of  Educational Achievement) et qui en sera à sa troisième édition en 2011 (après 2001 et 2006), compare les performances en lecture d’élèves de plus de 50 pays à l’issue de la quatrième année de scolarité obligatoire, soit en fin de CM1 en France.
À quinze ans, PISA (Programme for International  Student Assessment) est centré, comme le socle commun, sur des compétences : approche transversale, centrée non pas sur les programmes scolaires des pays participants mais sur les compétences attendues d’un élève de 15 ans.
Dans le cadre des indicateurs CEDRE, près d’un élève sur deux sort du collège avec des acquis insuffisants ou fragiles qui écartent toute possibilité sérieuse de validation du socle, seulement un quart des élèves en validerait à coup sûr la maîtrise.
Les résultats de CEDRE donnent une image beaucoup plus fidèle des acquis des élèves que les indicateurs LOLF et ils sont cohérents avec les résultats de l’enquête PISA.
 
Le Sgen-CFDT retrouve dans le rapport du HCE, haut conseil de l’Education,  sur les évaluations mises en place par l'Education Nationale les critiques qu'il porte depuis des années.
Le récent rapport du HCE, met en évidence les disfonctionnements de la politique d’évaluation du socle commun, selon les critères définis par la LOLF.
En effet, au palier 1, l’indicateur actuel n’intègre pas la culture scientifique et technologique ni les compétences sociales et civiques.
Au palier 2, la qualité des indicateurs produits dépend de la manière dont les attestations ont été délivrées par les enseignants …
Au palier 3, pour attester la maîtrise du socle commun, toutes les compétences doivent être validées : aucune ne peut compenser l’autre. Pourtant, 11% des élèves se sont vu attribuer le socle sans avoir validé les sept compétences.
Le socle commun est l’adaptation française du cadre de référence européen des compétences-clés.
Le Haut Conseil de l’Éducation recommande que soit conduite chaque année l’évaluation d’un palier du socle commun, ce qui conduirait à évaluer chaque palier tous les trois ans, périodicité adéquate pour mesurer des évolutions.
Pour être pertinents du point de vue du socle, les indicateurs devront être attentifs à un certain nombre de caractéristiques : ils devront évaluer des compétences, c’est-à-dire la combinaison de connaissances,  de capacités  et  d’attitudes, et se fonder sur une évaluation en situation complexe ; ils devront bien entendu évaluer la totalité des compétences et  conserver une échelle de valeurs stable permettant la comparaison dans le temps et être compatibles avec les évaluations internationales de l’OCDE ou de ou de l’Union européenne.
Pour le Sgen CFDT, il est indispensable que les objectifs de l’évaluation soient précisés de manière claire et distincte :
D’une part, les évaluations dans la classe dont l’enseignant a régulièrement besoin pour adapter son enseignement en fonction des acquis de ses élèves, qui restent à l’initiative des équipes
d’autre part une évaluation nationale destinée au pilotage du système éducatif  qui doivent tenir compte du cadre européen. L'évaluation de pilotage peut se faire par échantillon et doit reposer sur des éléments suffisamment complets et objectifs, cohérents avec les études internationales.
La confusion entretenue avec l'évaluation à visée pédagogique n'est pas fortuite. C'est la méthode qu'a trouvé le ministère pour imposer aux enseignants soucieux de faire réussir leurs élèves, les programmes 2008 unanimement décriés par la profession pour leurs caractères mécaniste, rétrograde et élitiste.
Pour sortir de cette impasse, il faudra évidemment repenser des programmes conçus en cohérence avec le principe même de socle commun. C'est à dire centrés sur les acquisitions réellement faites par les élèves et non sur un échéancier idéal théorique décliné à partir des performances des meilleurs élèves, cette soit disant ambition qui n'est que le déguisement moderne de la pire des sélections.
Il faudra aussi donner aux enseignants des outils facilitant le positionnement quotidien des élèves dans leur cursus d'acquisition. C'est indispensable pour que chaque élève, chaque famille dispose des repères nécessaires à son investissement. C'est indispensable pour pouvoir évaluer, dans sa globalité comme le demande le HCE, le niveau d'acquisition du socle commun atteint à un moment donné, pour le Sgen-CFDT à la fin de chaque cycle

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